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Masques solidaires : l’art du cousu main en coopérative

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Laurène Cabaret, entrepreneure chez Optéos depuis 2018, a adapté son activité économique en période de pandémie. Sachant coudre, elle confectionne des masques en tissu lavables.

Dès le début du mois d’avril, j’ai suivi les préconisations de l’Afnor en téléchargeant leur modèle de masque barrière. Ils ont testé différents textiles et recommandent alors deux formes de masques. » – Photo : Carine Mandère

Etre entrepreuneur.e équivaut à être multi-opérationnel.le ! Laurène Cabaret, coopératrice d’Optéos depuis 2 ans, illustre bien cette richesse de compétences. Via la CAE, elle gère déjà deux activités : traductrice, elle est aussi coach. Lorsque le COVID-19 menace les Hauts-de-France, c’est une autre corde à son arc qu’elle fait vibrer. Laurène sait coudre. « J’avais appris jeune avec ma mère et ma grand-mère, raconte-t-elle. Il y a 11 ans, j’ai commencé à m’y mettre sérieusement et avec passion pour coudre des accessoires pour bébés. Courant mars, quand j’ai entendu parler de masques à faire soi-même, j’en ai cousu pour protéger ma famille. »

Réentreprendre en période de crise

Très vite, on apprend que la pénurie de masques chirurgicaux concerne le personnel en contact avec les malades. « Dès le début du confinement, j’ai beaucoup échangé sur les réseaux sociaux. Des recommandations y étaient proposées pour coudre des masques en tissu. Ainsi, j’ai d’abord utilisé un patron facile à suivre établi par les hospitaliers d’un CHU. Ensuite, via un groupe d’entraide sur Facebook proche de chez moi, j’ai répondu à des demandes en urgence de masques pour les professionnels soignants. »

Répondre en urgence à des demandes de masques pour les professionnels soignants.

Laurène coud ainsi une première série de 30 masques que le mari d’une infirmière vient récupérer pour l’équipe d’un établissement voisin. « Je me suis servie de mes propres tissus en coton convenant bien à la protection recommandée, relate Laurène. Beaucoup de personnes dans le quartier ont fait des dons. Des boutiques ont également bradé leurs stocks de tissu. Puis des réseaux solidaires organisés ont fourni des kits. Ainsi, avec d’autres couturières comme moi, on pouvait coudre rapidement et d’autres personnes géraient la logistique et l’acheminement vers les soignants qui en avaient besoin. »

Masques en tissu lavables : marque Hey! Lo par Laurène Cabaret (photo : Carine Mandère)
Coudre ce modèle Afnor que Laurène améliore prend du temps en fabrication. Le coût de revient s’avère plus élevé que d’autres masques en tissu que l’on trouve sur le marché. – Photo : C. M.

Du coaching à la couture

Une fois ses stocks de tissus personnels épuisés, Laurène a dû acheter de la matière première sur internet, au prix normal. « Pour remplacer l’élastique qui venait à manquer, je me suis équipée de bobines de tissus écologiques doux qui conviennent parfaitement. Puis via ma page Facebook, des connaissances ont souhaité m’acheter des masques. Dès le début du mois d’avril, j’ai suivi les préconisations de l’Afnor en téléchargeant leur modèle de masque barrière. Ils ont testé différents textiles et recommandent alors deux formes de masques. »

A ce stade, j’ai vérifié auprès d’Optéos si je pouvais proposer et assurer cette activité de couture.

Laurène se renseigne régulièrement sur le site « Stop Postillons » créé notamment par des médecins nordistes. Elle s’enregistre sur la plateforme numérique mise en place sur le site de l’Afnor mettant en relation les demandes de masques et les couturières ou les entreprises de manufacture. « A ce stade, j’ai vérifié auprès d’Optéos si je pouvais proposer et assurer cette activité de couture. Le confinement mettant en arrêt temporaire une bonne partie de l’économie, je n’ai pas eu de demande de traduction ni de coaching et me retrouvais sans revenu. Heureusement que je sais coudre, sinon cette période serait encore plus compliquée ! »

Désormais, cette multi-entrepreneure peut effectuer des ventes de masques via la CAE en tant que couturière professionnelle. Elle utilise sa page Facebook pour communiquer sur ce travail et ses productions.

Entretien avec Laurène Cabaret (Hey! Lo)

Des motifs et des couleurs

Les masques cousus par Laurène sont colorés, avec des motifs mais aussi très protecteurs ! En plus des deux morceaux de tissus en coton nécessaires, il y a un filtre amovible à glisser dans une pochette. « Ainsi, avec ces 3 couches, ces masques sont en catégorie 1 car ils protègent bien. J’ajoute une couture spéciale nasale aussi pour les porteurs de lunettes. C’est mon cas. Je connais donc la gêne que le port du masque peut occasionner en matière de buée sur les verres ! » Sur les côtés du masque, des passants sont cousus pour faire passer les liens. Cela permet une meilleure adaptation aux différentes morphologies de visages.

Coudre ce modèle Afnor qu’elle améliore prend du temps en fabrication. Le coût de revient s’avère plus élevé que d’autres masques en tissu que l’on trouve sur le marché. « Je vends l’unité à 10 euros. J’ai fait ce choix de ne pas utiliser un patron basique. J’ai préféré m’assurer d’une protection optimale avec des tissus de qualité. Les filtres sont lavables 50 fois. Et j’ai eu envie de rendre le masque plus ergonomique avec des possibilités d’attaches différentes soit au niveau des oreilles soit derrière la tête pour le confort et la préférence de chacun. »

La plupart des clients de cette trentenaire lui disent qu’ils considèrent payer le prix juste. C’est aussi une façon de soutenir le travail artisanal. Ils sont satisfaits d’acheter un masque réutilisable dont ils sélectionnent les motifs et les couleurs. « Je me disais que c’était plus joyeux dans ce contexte qui ne l’est pas forcément d’avoir des masques différents, sourit Laurène. Ce sont surtout les femmes et les mamans pour leurs enfants qui en achètent de très colorés. Les hommes ont tendance à rester sur de l’uni et préfèrent le bleu foncé, le noir ou une teinte grise. »

Et vendre ses masques n’empêche pas la poursuite de solidarité. « Je continue à coudre au sein d’un petit collectif de couturières et nous proposons notre aide soit en bénévolat soit en vendant des masques à prix coûtant. »

Repères

Laurène Cabaret est arrivée à Optéos, en mai 2018 pour tester une activité de traductrice indépendante puis se forme au métier de Coach. En mars 2020, dans un contexte économique et social inédit elle réanime son activité artisanale de couturière.

■ Hey! Lo, couture, broderie et bricoles : Masques en tissu, couvertures bébé, doudous, bavoirs, lingettes, tabliers, sacs, coussins, mobiles.
FB : https://www.facebook.com/HeyLoStitch/

■ Coach professionnelle à Lille, certifiée RNCP : coaching de particuliers & d’entreprises, coaching individuel & collectif, en anglais et en français. Accompagnement au développement d’activité et à la recherche d’emploi.
Site Web : https://coach-professionnelle.com/

Sources

#AFNOR : Masques barrières, toutes les informations susceptibles de vous aider pour concrétiser votre projet.
+ En savoir plus

#STOP POSTILLONS : Portons tous un écran anti-postillons dans l’espace public ! Un site d’information mis en place dès le 22 mars 2020 par quatre médecins.
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Entreprendre avec les communs

Optéos propose un accompagnement spécifique pour les entrepreneurs qui développent des activités économiques autour des “communs” (plateformes coopératives, connaissance partagée, logiciel et matériel libre et open-source, makers, tiers-lieux, etc.). + En savoir plus

Un article proposé par :

<h4><a href="https://www.opteos.fr/author/cmandere/" target="_self">Carine Mandère</a></h4>

Carine Mandère

Entrepreneure au sein d'Optéos depuis 2018 en communication et journalisme d'entreprise. ► LinkedIn

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Optéos propose un accompagnement spécifique pour les entrepreneurs qui développent des activités économiques autour des “communs” (plateformes coopératives, connaissance partagée, logiciel et matériel libre et open-source, makers, tiers-lieux, etc.). + En savoir plus

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