Depuis quelque mois, les bureaux de la coopérative ont changé d’adresse ! Toujours dans le quartier Bois Blancs, Optéos a désormais rejoint un lieu qui lui ressemble, à l’issue d’un processus et d’une démarche qui lui ressemble… et qui rassemble.
Déménager les bureaux d’Optéos : une nécessité et un choix
Pour celles et ceux qui connaissent le fonctionnement et la philosophie d’Optéos, son implantation historique à Euratechnologies, lieu emblématique de la « French tech » lilloise, avait de quoi surprendre. Qui plus est, la récente croissance d’Optéos a entraîné l’agrandissement progressif de l’équipe salariée, passée d’une à quatre personnes entre 2020 et 2022. De ce fait, les salarié·es commençaient à être très à l’étroit dans le petit bureau de 18m2 !
Le déménagement d’Optéos commençait donc à devenir urgent et dès 2021 Simon Sarazin, alors co-gérant d’Optéos, se retrousse les manches pour trouver une solution. La coopérative étudie alors plusieurs options, en croisant différents critères : la taille de l’espace, le coût, mais aussi le sens de ce déplacement et l’inscription dans un éco-système cohérent pour la coopérative.
C’est comme cela que le choix s’est progressivement porté sur le bâtiment investi par un collectif d’habitant·es des Bois Blancs portant l’envie de créer un tiers-lieux, lequel était encore à l’état de projet. Comme l’explique Christian Dupuy, actuel co-gérant d’Optéos : « Il nous est apparu clairement que ça avait beaucoup plus de sens pour Optéos de contribuer à une dynamique de tiers lieux de quartier plutôt que de louer des locaux à une entreprise privée ! ».
« …contribuer à une dynamique de tiers lieux de quartier plutôt que de louer des locaux à une entreprise privée. »
Le Tok’ici : un tiers-lieu participatif aux Bois Blancs
Faisons un bond dans le temps ! À l’ancienne adresse du bar-tabac Le Chiquito se trouve depuis quelques mois le Tok’ici, créé par ce collectif d’habitant·es fédéré·es autour de l’envie de « remettre de la vie au cœur du quartier ».
Avant d’ouvrir, les porteur·ses du projet rassemblé·es dans l’association « Au plus vite » ont du mener d’importants travaux de rénovation et œuvrer à la création d’une SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) rassemblant près de 70 sociétaires parmi lesquel·les des riverain·es, des associations, des pouvoirs publics et des entreprises… dont Optéos.
Bienvenue au Café-Cantine participatif Le Tok’ici, situé au 173 rue des Bois Blancs à Lille. Crédit photo : Magali Nayrac.
Au rez-de-chaussée, un bel espace café-cantine, permet de boire un café, de prendre un verre ou de se restaurer. Les plats du jour, concoctés par le chef Juan Ortiz (anciennement traiteur à vélo avec La Tienda), font la part belle aux produits locaux et à la cuisine du monde, avec la proposition systématique d’une option végétarienne. L’espace est aussi un lieu culturel accueillant diverses expositions, soirées et animations, allant d’ateliers d’écriture en concerts, en passant par les plateaux live de Radio Bois Blancs, la web radio du quartier.
Au premier étage, les travaux ne sont pas encore terminés, mais l’espace devrait bientôt permettre d’accueillir des salles de co-working, et d’autres destinées à la location ponctuelle pour des événements privés (formations, réunions, etc.).
Au deuxième étage, enfin, on trouve depuis fin décembre 2022 les bureaux de l’équipe support d’Optéos ainsi qu’une salle de réunion réservée aux membres de la coopérative.
Mais pour en arriver là, plusieurs étapes ont été nécessaires et le processus n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Revenons quelques mois en arrière…
Un chantier écologique et participatif mené par les entrepreneur·es d’Optéos
D’abord, il y a eu un défi administratif de taille : faire accepter par les services de la Mairie de Lille la transmutation de l’usage du bâti des étages, initialement considérés comme du logement privé, en locaux professionnels pouvant accueillir du public. La contributrice Charlotte Filbien s’est mise à travailler sur ce point un an avant le démarrage des travaux !
Ensuite, Charlotte s’est chargée de la coordination du chantier. Concrètement, les travaux consistaient à ré-induire les murs et les plafonds pour renforcer le torchis existant, à restaurer le vieux plancher en bois, à ré-agencer les pièces, à isoler les combles et enfin à remettre l’électricité et la plomberie aux normes.
Si certaines tâches ont été confiées à des prestataires extérieurs, une part considérable des travaux a été réalisée par les forces vives d’Optéos. La coopérative a choisi de dynamiser l’avancée du chantier via le modèle de la contribution qui permet aux participant·es volontaires de se rémunérer.
Ainsi Rémi Vimont, Christophe Cesetti et Yohann Van-Caeneghem font partie des entrepreneur·es qui, ensemble ou à tour de rôle, se sont fortement impliqués dans les travaux de rénovation.
C’est en juin 2022 que les travaux commencent enfin, sous la houlette de Pierrick Huygebaert, entrepreneur de la CAE Toerana Habitat. Artisan agenceur bioclimatique et formateur sur des chantiers participatifs, ce dernier travaille dans une approche écologique, exclusivement avec des matériaux naturels.
Ainsi, l’enduit a été fabriqué maison à base de terre, de paille et de plâtre. Badigeon de chaux et huile de lin ont ensuite été choisis pour les finitions. Pour le bardage des bas de mur, le bois provient de la récupération du vieux plancher d’une vieille maison en rénovation. Niveau isolation, le choix s’est porté sur le matériau Métisse, isolant durable et biosourcé produit par le Relais Nord Pas de Calais (pour lequel travaille Vianney Sarazin, ingénieur en développement durable et entrepreneur chez Optéos).
Comme l’indique Rémi, par ailleurs photographe, cette approche écologique a constitué une de ses motivations principales à s’engager sur le chantier : « En plus de l’envie de contribuer, c’était aussi l’occasion pour moi d’apprendre ces techniques de rénovation qui pourront m’être utiles un jour ou l’autre ». Dans ce même esprit, la démarche a été documentée via le Wiki d’Optéos, notamment grâce à Christophe Cesetti, afin de permettre à d’autres personnes ou collectifs de pouvoir se saisir de ces techniques de rénovation.
Au fil des semaines, le chantier a également bénéficié de la supervision de l’artisan Pierre Megret et de l’engagement plus ponctuel d’une quinzaine d’autres entrepreneur·es venu·es donner un coup de main pour enduire, poncer ou peindre au cours de l’été et de l’automne 2022.
Prenant le relais de Charlotte Fiblien, Laurène Cabaret s’est attelée pour sa part à la coordination des travaux de finition et à l’aménagement des locaux. Encore un petit geste écologique : l’ancien mobilier resté sur place a été donné via l’application GEEV, « soit plusieurs centaines de kilos de CO2 économisés« , précise Christophe Cesetti.
« plusieurs centaines de kilos de CO2 économisés… »
Décembre 2022, les travaux sont enfin terminés (avec un tout petit peu de retard) ! Les locaux – composés de deux bureaux individuels, un bureau double, un espace d’accueil, une cuisine, une salle de bains et une salle de réunion de l’autre côté du pallier – sont prêts à accueillir leurs occupant·es.
Un déménagement à vélo avec les entrepreneur·es de Lille Bike
Décision est prise de confier le déménagement aux livreurs à vélo de Lille Bike, marque collective hébergée par Optéos depuis 2018. Ravis du challenge, les entrepreneurs cyclistes ont déployé 5 vélos-cargo et 2 remorques pour transporter l’ensemble du mobilier, du matériel et des documents de la coopérative.
Comme l’explique Yohann Van-Caeneghem : « Ce déménagement à vélo va dans le sens de ce que l’on défend toute l’année : limiter au maximum l’usage de véhicules pour transporter des marchandises. Le déménagement a aussi une valeur symbolique pour le grand public parce que les gens croient souvent que c’est impossible. »
Une deuxième intervention avec deux vélos cargos a permis de livrer les derniers cartons et de finaliser ce déménagement sans émission de carbone. Lille Bike aimerait à terme pouvoir proposer plus régulièrement ce type de prestations à des organismes ou des particuliers : reste à trouver les bonnes solutions en termes d’assurance professionnelle.
Plus d’interactions entre l’équipe support et les entrepreneur·es
Quelques mois après leur installation dans les nouveaux locaux, quel est le ressenti des premier·es concerné·es, à savoir les salarié·es d’Optéos qui y travaillent quotidiennement ?
Ils et elles se disent satisfait·es de ces bureaux tellement plus lumineux et agréables… même s’il faut avouer que des problèmes récurrents de chaudière leur ont fait passer un premier hiver un peu difficile en termes de température !
Pour Charles Dewaele, avoir plus d’espace a clairement permis d’améliorer son confort de travail : « Avant nous étions dans une sorte d’open-space où l’on finissait par se gêner les uns les autres, notamment au niveau sonore… pour moi, c’est vraiment mieux d’avoir la possibilité de travailler au calme dans un bureau à part ! ».
Et comme le précise Fatima Karnouch, l’avantage majeur de ce déménagement, c’est d’avoir enfin un lieu qui favorise les échanges entre l’équipe support et les entrepreneur·es : « Avant, presque personne ne venait jusqu’à nos bureaux. Maintenant, avec la salle de réunion à côté, on rencontre beaucoup plus les entrepreneur·es ! Ça fait plaisir et ça permet de mieux se connaître. »
« …on rencontre beaucoup plus les entrepreneur·es ! Ça fait plaisir et ça permet de mieux se connaître. »
L’amélioration des espaces et de leurs usages est toujours en cours. Christophe Cesetti va continuer de s’investir comme « factotum », en charge des derniers ajustements et de l’entretien des locaux : « menues réparations, petits travaux, rangements, embellissements… il y a toujours à faire ! », commente t-il.
Il semble donc qu’au terme d’un processus axé sur la cohérence avec les valeurs et le fonctionnement de la coopérative, Optéos ait posé ses valises de manière durable... dans tous les sens du terme.